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La S.E.M.H.V. a programmé une mission d'étude mycologique au Pérou, du 2 février au 9 mars 2013. Cette mission auto financée par la Station d'études mycologiques, avait pour but d'étudier les champignons alpins de la Cordillère Blanche, du grand Canyon de Colca, de l'Altiplano andin à 4000 m et en fin de mission, une incursion de 10 jours en Amazonie péruvienne. Nos découvertes mycologiques, ajoutées à celles concernant la botanique et à la faune, dans des paysages magnifiques et très dépaysants, nous ont donné l'occasion de vivre un voyage naturaliste d'un haut intérêt écologique, dans une ambiance conviviale au milieu d'une nature généreuse et relativement bien préservée.
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Parc national de Huascarán |
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On accède au parc national de Huascarán par plusieurs entrées, selon l’intérêt des visiteurs. Des variantes, parmi lesquelles l’accès par le secteur Llanganuco, où se trouvent les lacs Chinancocha (d’une belle couleur turquoise) et Orconconcha que nous avons emprunté pour une mission inventoriale de 5 jours. Le Parc fut crée en 1975, dans le but de préserver la faune, la fonge et la flore sauvages, les formations géologiques, les vestiges archéologiques et la beauté du paysage. Il fut déclaré Patrimoine Naturel de l’Humanité par l’UNESCO en 1985. Dans ses 340.000 ha, qui comprennent presque toute la Cordillera Blanca, on peut admirer une grande variété d’espèces végétales haut-andines, comme la Puya Raimondii (ndt :Cactus géant) dans les environs de Quesque et Pumapampa (dont l’inflorescence est considérée comme la plus grande du règne végétal, qui, une fois qu’elle fleurit, meurt), ainsi que les queñuas aux lacs de Llanganuco. Parmi les 296 lacs que possède le parc, on retient ceux de Parón, Cullicocha, Llanganuco, Auquiscocha, Rajucolta, Querococha et Cuchillococha. Parmi ses 663 glaciers, se démarquent le Huascarán (6768 m), le Huandoy (6395 m), le Chopicalqui (6354 m), le Hualcán (6122 m) et le Alpamayo (5947 m). Parmi les animaux, le parc abrite des ours anteojos (ndt : Ours andins) , la taruca (ndt : Cerf andin) et le condor andin (trois espèces en danger d’extinction), le puma, le cerf, le chat des andes et une grande diversité d’oiseaux. Nous avons pu y découvrir une multitude de champignons, dont certaines espèces sont très proches de nos champignons alpins, ainsi que des espèces communes aux deux massifs, comme Macrolepiota procera par exemple.
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Réserve Naturelle de TINGANA |
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La forêt inondée de Tingana Varzéa d’altitude, Tingana est un écosystème formé d’une forêt inondée à 1000 mètres d’altitude, très rare sous les tropiques, qui se caractérise par ses palmeraies d’Aguajales, refuge de la faune et surtout des mystérieux renacales, la forêt des arbres qui marchent, formée d'immenses ficus, aux racines aériennes qui semblent avancer le long de la forêt inondée. Nous y avons observeré plusieurs espèces de singes, dont des capucins, et également des fourmiliers et des coatis très communs en Amérique centrale. La Réserve de Tingana a été créée par les Isuiza, une famille à l’accueil exceptionnel qui a réussi à préserver ces forêts de l’avidité humaine et de l’agriculture industrielle. La nuit venue nous avons dormi dans une des cabanes en haut des arbres. Nous avons observé de nombreux champignons saprotrophes sur des arbres vivants ou morts et très peu de vrais parasites, mais également des espèces comestibles.
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A propos du schizophylle : Un champignon "nuisible" à répartition mondiale de H. Clémençon Tout amateur a probablement déjà rencontré un champignon aussi répandu et aussi facile à reconnaître que le Schizophylle commun. On peut l'observer tout au long des saisons et on en trouve une image dans presque chaque livre de mycologie. De plus, pour une fois, son nom scientifique est resté inchangé depuis bientôt deux siècles: dans tous les livres et dans toutes les publications, il est nommé Schizophyllum commune. Et les écrits à son sujet sont loin d'être rares ! En effet, depuis environ 100 ans, le Schizophylle est un objet de très nombreuses publications décrivant sa biologie, son écologie, sa physiologie, sa biochimie, sa sexualité, sa génétique, sa cytologie, son anatomie, le développement de ses basidiomes et leur culture en laboratoire, sa position en systématique, en taxonomie et en phylogenèse. Ce champignon est un objet-modèle de la recherche et des études mycologiques, et, en général, l'un des mieux connus. Cela tient aux faits suivants : il se développe rapidement en culture, où il produit fiablement des basidiomes, les étapes de son développement correspondent au cycle le plus simple, à celui qui est décrit dans presque chaque livre de mycologie; presque 100% de ses spores germent rapidement; il n'est pas exigeant quant au substrat nutritif, se satisfaisant de glucose et de quelques sels minéraux; on lui connaît de nombreux mutatnts conservés dans les mycothèques; désséché, il reste vivant durant des décennies ; il cause des dégâts au bois et aux fruits et - qui l'eût cru ? - il se révèle toujours plus fréquemment être un facteur de maladies. Cette espèce est présente au Pérou. Nous l'avons d'ailleurs rencontrée dans toutes les missions que nous avons programmé dans les différents pays et continents représentés sur ce site. Répartition mondiale du schizophylle Au début du XXème siècle, on a attribué sans vérification des noms européens à beaucoup de champignons extra-européens, par exemple les données de répartition non vérifiées de Bresadola (1929, planche 522). et les essais de croisement entre plus de 100 souches provenant de toutes les parties du monde (Raper, Krongelb & Baxter 1958 ; Raper 1966). L'aspect macroscopique du Schizophylle est souvent bien différent chez nous et dans de lointains pays. Au Japon, les basidiomes sont beaucoup plus déchirés que chez nous et leurs couleurs sont un peu différentes. Monsieur Hongo montre un large spectre de variations morphologiques qui s'accompagne de non moins larges variations génétiques. James & Vigalys (2001) ont trouvé, seulement pour les Caraïbes, jusqu'à 12 variantes d'un même gène, et on a découvert quelques centaines de variantes pour les gènes de compatibilité sexuelle. Le large éventail de variabilité des caractères macroscopiques engendra autrefois la création "émotionnelle" de 12 autres espèces, déjà reconnues par Cooke en 1961 comme synonymes de Schizophyllum commune. Et, nous l'avons vu plus haut, cette appréciation taxonomique fut confirmée ultérieurement au niveau biologique. Grâce à cette répartition mondiale du Schizophylle, on a pu conduire des recherches écologiques avec des souches provenant de régions et de pays divers et, en conséquence, c'est un des très rares champignons dont la connaissance des variations géographiques et écologiques repose sur une base taxonomique fiable. On sait ici que le champignon qui, en Australie, vient sur Eucalyptus est vraiment le même que celui qui, en Europe, vient sur Abies. La question évoquée à propos de maint champignons: "la forme qui vient sur feuillus est-elle une bonne espèce ou simplement une forme de celle qui vient en général sur conifère ?" ne se pose plus pour Schizophyllum commune.
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Dans un article du dans ce titre : Las 10 plantas mas raras del mundo
Le champignon est présenté sous le nom de Clathrus archeri (Octopus Corne Stinky) avec cette anecdote :
Clathrus archeri est un champignon basidiomycète famille Phallaceae. Origine zélandais, a été découvert en Europe en 1914
Vosges. Susceptible d'être venu à cet endroit au cours de la Première Guerre mondiale par les spores attachés aux chevaux des soldats australiens et leur fourrage, ou seulement dans les bottes des soldats.
Cependant il ne s'agit pas du Clatre (Anthurus) d'archer, mais Aseroe rubra Labill., 1800, dont le premier champignon originaire d'Australie a été officiellement décrit. Aseroe rubra a été recueilli en 1800 dans le sud de la Tasmanie et nommé par le botaniste français Jacques Labillardière. Le nom scientifique est dérivé du grec ancien mots ASE / αση «dégoût» et Roe / ροη 'jus', et le latin ruber 'rouge'. C'est une espèce de la famille des Phallaceae mais a été placé par certains mycologues dans une famille distincte Clathraceae. Comme eux, il porte ses spores dans une gléba brunâtre qui sent très mauvais (odeur de charognes qui attire les mouches, qui ensuite propagent les spores). |
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Cette magnifique espèce commune de notre Jura, est présente au Pérou, dans les régions montagneuses calcaires.
Tiré de Portal - Péru
Hydnellum peckii (Hongo Diente Sangrante)
Hydnellum peckii présente des saignements, ce champignon à dents n'est pas un champignon comestible. Il s'agit d'une espèce qui produit des spores à la surface de ses épines verticales ou des saillies analogues à des dents suspendues à la surface inférieure de son esporocarpo (sporophore). Il est situé en Amérique du Nord, en Europe, et a été récemment découvert en Iran (2008) et la Corée (2010). C'est une espèce mycorhizienne, qui forment des relations mutuellement bénéfiques avec des variétés de conifères. |
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Des prélèvements ont été effectués sur des racines, afin d'en étudier les ectomycorhizes avec des champignons "supérieurs" notamment les basidiomycètes. |
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Ascomycètes stercoricoles |
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Une étude spécifique a été effectuée sur deux jours, afin de récolter des ascomycètes sur les excréments des Condors des Andes Vultur gryphus. L'identification des récoltes est en cours. |
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L'étude des Lycopodium était également au programme. |
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Les espèces stercoricoles (poussant sur des excréments de lamas, gigognes, alpagas, chèvres, moutons et chevaux) ont notamment été étudiées le long de notre périple sur la Cordillère blanche. |
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Les lichens n'ont pas été négligés, ils ont fait, comme cette Usnée, l'objet d'attention particulière. quelques spécimens ont pu être rapportés pour étude. |
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Alpamayo
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Recherche de champignon devant le massif de l'Alpamayo
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Punta Union
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Passage du Col de Punta Union sur le sentier de Santa Cruz à 4750 m d'altitude !
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Santa Cruz
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Pause bien méritée dans la grande vallée du Santa Cruz
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Santa Cruz
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Transport de notre matériel à dos de mules
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Santa Cruz
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Passage difficile pour notre métériel d'herborisation et d'identification
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Puya raimondi
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Puya raimondi, la plus grande broméliacée du monde !
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Canyon de Colca
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Herborisation dans le Canyon de Colca, le troisième plus profond du monde !
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Santa Cruz
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Notre camp de base, point de départ de toutes nos herborisations dans le massif du Santa Cruz au Pérou
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Santa Cruz
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Le passage au Santa Cruz immortalisé
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Machu Pichu
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Impossible de quitter le Pérou, sans une virée pédestre au Machu Pichu
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Champignons de la Cordillère blanche |
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La quête des champignons n'est pas très répandue, cependant dans certaines régions d'altitude et sur les contreforts arrosés de la cordillère blanche, les paysans ne manquent pas une occasion pour améliorer la cuisine locale, de quelques Bolets comestibles trouvés notamment sous les pins. |
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Suillus sp proposé à la vente sur l'un des marchés Colca (Pérou) |
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Il n'est pas impossible que l'on vous propose des champignons comestibles à vendre, sur des marchés locaux de la cordillère andine. ici des Bolets Suillus sp |
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Ci-dessous : les albums photos et les espèces fongiques, par biotopes dans les différents parcs naturels et réserves nationales. Les espèces découvertes seront nommées au fur et à mesure de leur identification. |
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De nombreux figuiers de barbarie Opuntia ficus-indica originaire du Mexique, sont attaqués par une rouille Aecidium opuntiae Magnus, notamment dans les cultures de cochenilles du Canyon de Colca.
On trouve également une Uridinée (rouille) Phillostica opuntiae qui se manifeste par de petites taches de couleur jaune-rouille, circulaires, pouvant s'étendre en plaques irrégulières d'un blanc sale ou cendré. Ce sont surtout les raquettes âgées de deux ans qui, une fois attaquées, n'émettent que peu de cladodes et finissent par se dessécher. C’est une maladie des zones humides efficacement combattue par des traitements à base de cuivre et aussi l'ablation des raquettes parasitées. |
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L'Etude des lichens a été intégrée à notre programme mycologique. Nous avons été servi dans les fonds de vallées ou en altitude dans les forêts de nuages. |
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Puya raimondii est une plante de la famille des Bromeliaceae. Nommée ainsi d'après le naturaliste Antonio Raimondi qui la découvrit. Cette plante hapaxanthe vit entre soixante-dix et cent ans environ puis meurt après son unique floraison. Appelée kitanka en langue quechua, on la trouve dans la cordillère des Andes à une altitude comprise entre 3200 à 4800 mètres au Pérou, en Bolivie et au nord du Chili. Nous n'avons négligé ni la faune, ni la flore dans notre approche naturaliste. |
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Vente de Bolets des Pins : Suillus sp |
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Quelques exiccata d'espèces carbonicoles ont pu également être étudiés au retour, comme cette Pézize Peziza atrospora Fuckel. |
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